Ils ont quitté leur pays dans l’espoir d’un avenir meilleur. Certains sont venus en Tunisie pour poursuivre leurs études et retourner, ensuite, dans leur pays, le diplôme en poche. D’autres ont fui la pauvreté et l’instabilité économique pour s’introduire clandestinement en Tunisie, espérant y trouver des conditions de vie dignes et respectables pour eux et les membres de leur famille qui les ont accompagnés. Eux, se sont les Subsahariens qui vivent par milliers dans nos villes, nos quartiers, nos cités, sans papiers pour la plupart et qui exercent de petits métiers dans le noir sans bénéficier de couverture sociale ni sanitaire. Serveurs, apprentis mécaniciens, ouvriers agricoles, femmes de ménage… ils se sont retrouvés pour certains d’entre eux à la merci d’employeurs impitoyables et sans scrupules qui ont profité de leur statut «zéro» et de leur situation précaire pour les humilier, en les agressant verbalement et en portant atteinte à leur dignité. Contrairement à leurs attentes et espoirs de pouvoir vivre au sein d’une société chaleureuse et accueillante, nombre d’entre eux ont vite fait de déchanter face aux brimades et aux remarques à connotation raciste. Cela aurait pu les conduire à tout laisser tomber, mais c’est sans compter sur leur courage et leur capacité de résilience.
Mis à la porte par les locataires
Le coup le plus dur viendra finalement de la crise Covid-19. Du jour au lendemain, des centaines de Subsahariens se sont retrouvés au chômage forcé. N’eût été l’intervention charitable d’organisations de la société civile et quelques initiatives solitaires et louables de propriétaires de fast-foods et de restaurants qui leur ont distribué gratuitement des repas, ils seraient peut-être morts de faim. Par contre, la solidarité n’a pas été au rendez-vous du côté des locataires.
En effet, certains d’entre eux n’ont pas hésité à les mettre à la porte et les jeter à la rue, au motif qu’ils ne se sont pas acquittés du payement de leur loyer. Nombreux parmi eux ont dû, le ventre vide, dormir à la belle étoile, sur la voie publique. D’autres ont trouvé refuge sur un toit ou dans la cage d’escalier d’un immeuble.
N’ayant pas où passer la nuit, quelques-uns ont finalement eu la chance d’être hébergés par des familles charitables mais ils sont rares. Révoltés, un collectif d’associations a décidé, alors, de lancer un appel pour l’adoption de mesures urgentes ciblant cette catégorie qui vit dans des conditions précaires et difficiles. Des voix se sont même élevées pour qu’un décret annulant provisoirement le payement des loyers jusqu’à la fin de la crise soit adopté au profit des personnes de nationalité tunisienne et étrangère exerçant des métiers précaires. Face au dénuement total dans lequel se sont retrouvés nombre de Subsahariens, la municipalité de La Marsa est la première à avoir pris les devants, en appelant à la collecte de dons et en organisant une campagne de distribution d’aides sociales. Face à cette conjoncture exceptionnelle, les autres municipalités devraient en prendre de la graine et suivre le même exemple, en prônant les valeurs du vivre-ensemble et de la solidarité qui sont les fondements essentiels d’une société arabo-musulmane.